vendredi 14 décembre 2012

Chucho est là !

Chucho est arrivé.
L'ouvrage - traduit par Miguel Velazquez - est disponible, pour l'heure, auprès de nous (saomai@orange.fr) ou de la librairie ENTROPIE (198, boulevard Voltaire, Paris) et, dès le 20 décembre, à la commande dans toutes les librairies de France.



Jesús Arriaga, dit Chucho el Roto (1834 ?-1885) demeure probablement aujourd’hui, aux yeux des Mexicains, le bandit le plus célèbre et le plus emblématique ayant jamais écumé leur pays. La série contant son incroyable épopée fut - à partir de la fin des années 1960 - l’un des plus grands succès de la télévision nationale. Des pièces de théâtre, des films lui ont également été consacrés, certains peu après sa mort tragique dans l’une des plus ignobles prisons du monde, véritable Alcatraz mexicain : le bagne de San Juan de Ulua, où ce roi de l’évasion connut l’Enfer, et qui aura vu défiler tant d’autres réfractaires au régime de Porfirio Diaz.
Mais qui était vraiment ce personnage de légende ?
Peut-on reconstituer, par bribes, l’histoire authentique de ce charpentier misérable devenu hors-la-loi, et dont les Mexicains se plaisent à douter, aujourd’hui encore - comme pour Zapata - qu’il soit bien mort et enterré ? Ses biographies écrites, quasiment inexistantes, laissent la part belle au cinéma et aux chansons populaires. Celle présentée ici, éditée anonymement en 1916 et republiée depuis à maintes reprises, a fait rêver des générations de lecteurs.
Elle n’avait jamais été traduite en Français.
Écrit au cœur des tourmentes de la Révolution, l’ouvrage y jette un regard nostalgique sur l’âge d’or d’un banditisme - presque un dandysme - d’honneur, effondré depuis sous le poids sanglant de l’Histoire. De sorte que la comparaison avec un autre outlaw mythique : Francisco « Pancho » Villa s’impose nécessairement. Pancho choisit la Révolution. Chucho en reste à la révolte. Une révolte pure, et noble, comme l’indique le sous-titre original : braquages et vols, certes, mais sans excès de violence. Révolte contre le pouvoir des riches, contre leur corruption, politique et morale. Révolte contre le monde de l’argent, et toute cette litanie de bassesses qu’il représentera toujours, ici comme ailleurs.




lundi 3 décembre 2012

Un conte drolatique inédit de Laurent Diox

Reçu, voilà quelque temps, ce petit conte dadaïste de notre ami Laurent Diox, que nous vous faisons partager...


MÉCHANTS PLAIGNANTS ET VOISINS PAS CONTENTS

 « N’hésitez pas à porter plainte chaque fois que vous vous sentirez agressé ou lésé dans votre quotidien. Même pour un problème d’apparence mineur (tel un souci de voisinage). La plainte a des vertus civiques. Pour celui qui la porte comme pour celui qui la reçoit. Participez donc avec vos voisins à cette grande gestuelle citoyenne de la plainte. »

Tel était le texte de l’affichette apposée à chacun des six étages que comptaient les sept allées de cette résidence de copropriétaires, située dans le XVIIème arrondissement parisien. Qui l’avait diffusée : le conseil syndical de l’immeuble ? Ou le tribunal d’Instance ? Le concierge ? Le commissariat local ? Les services municipaux ? Nul ne le sut. Nul ne pouvait se douter que cette affiche serait le départ d’un concours de plaintes totalement absurdes entre tous les résidents.
Deux jours après son placardage, la première tomba. Elle concernait le gardien. Un mécontent du premier étage de l’allée A lui reprochait d’oublier systématiquement de balayer son palier.
En verve judiciariste, ce même citoyen zélé de l’allée A lança sa deuxième plainte à l’encontre d’une jeune femme célibataire qui venait de s’installer dans l’appartement face au sien, et qu’il accusait « d ’encouragement à la dépression nerveuse, et au spleen ». Il faut dire que cette nouvelle arrivante était le portrait tout craché de son premier amour, qui s’était suicidé. De plus, les fleurs sur son balcon étaient celles que préférait ce tragique premier amour.
Toujours dans l’allée A, une nouvelle plainte fut lancée par un habitant du deuxième étage–gauche. Depuis un mois, sa voisine d’en face apprenait à chanter l’opéra entre 20 heures et 22 heures, cette activité culturelle rendant l’homme neurasthénique. La quatrième venait de l’allée C, elle était le fait d’un copropriétaire ne supportant pas de n’entendre aucun bruit dans l’allée, disant que l’atmosphère le traumatisait et qu’il exigeait du tapage, diurne comme nocturne. La cinquième plainte viendra du même hall. Un autre copropriétaire se dressait contre l’auteur de la plainte précédente. Lui aimait ce silence et accusait le quatrième plaignant de vouloir traumatiser ses voisins. L’allée C qui (majoritairement) aimait le silence porta ainsi plainte collectivement (ou presque) contre l’allée B, qu’elle trouvait trop bruyante. Les sixième et quatrième étages de l’allée A portèrent collectivement plainte contre les deuxième et cinquième étages de l’allée E. Visiblement, il s’agissait d’un problème de politesse. Ceux de l’allée A considéraient ceux de l’allée E comme impolis, ceux de l’allée E considérant ceux de l’allée A comme obséquieux.
Dans l’allée D, les locataires du troisième attaquaient en justice ceux du sixième. Dans l’allée F, les habitants du cinquième se dressaient systématiquement contre ceux du deuxième. Pour le premier cas, il s’agissait d’odeurs buccales, les deux étages s’accusant mutuellement de puer de la gueule, tandis que dans le deuxième cas, les uns trouvaient les autres mal habillés, les autres que les uns étalaient leur luxe vestimentaire d’une façon ostentatoire.
Que dans une même allée, des voisins (voire des paliers entiers) aient porté plainte les uns contre les autres ne les empêchait pas de porter plainte collectivement contre une autre allée. Ainsi, malgré leurs prises de bec olfactives, les occupants de l’allée D se sentaient également lésés au niveau de la réfection des escaliers et des parties communes. L’allée A (au-delà d’une dissension interne) trouvait que c’était elle qui était défavorisée sur ce plan.
Un voisin déclara la guerre à son vis-à-vis car le papier peint qu’il voyait par la fenêtre lui déplaisait. L’attaqué riposta contre le plaignant, déclarant son intérieur hideux, et le mettant en demeure de repeindre son appartement. Hall G contre hall E : le premier reprochait au second d’avoir trop de fleurs à ses balcons. Le hall E reprochait au hall G d’avoir des balcons très mal entretenus. Un plaignant de allée F, enfin - troisième étage - jugeait sa voisine d’en face (une fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur) trop sexy et provocante et l’attaqua pour « incitation à l’infidélité conjugale », « tentative permanente d’outrage à la pudeur », « vie dépravée et tapage diurne ».

Bien sûr, une partie des résidents se voyait déconcertée par cette soudaine épidémie juridique, et en parla au conseil syndical. Ce dernier était déjà alerté par le Tribunal d’instance qui, jugeant toutes ces plaintes abusives ou farfelues, ne les enregistrait pas. Ce même conseil s’alarma, et convoqua les associations de locataires qui voulurent servir de médiatrices entre les divers plaignants. Les représentants du syndic et ces mêmes associations se réunirent pour accoucher d’un plan. Peine perdue, aucune partie n’étant prête à un accord, les associations se crêpant le chignon, et les membres du conseil s’empaillant entre eux pour le moindre détail.
Il fut impossible d’appeler à une assemblée de copropriétaires.
Quelques voisins, de leur propre chef, s’improvisèrent alors médiateurs. Mais aucun plaignant, ni même aucune personne victime d’une (ou plusieurs) plaintes ne daigna s’intéresser à eux. Ils réussiront juste à arrêter quelques échauffourées. Malgré ça, les médiateurs persévérèrent, espérant une fatigue des plaignants. Etaient-ils soudain écoutés ? Toujours est-il que durant deux semaines, il n’y eut plus de plaintes. Mais ce qui suivit se révéla bien pire. De nouveaux « mécontents » entrèrent dans la danse : pas forcément des plaignants énervés, plutôt des gens d’apparence sereine voulant faire chier le monde par derrière (et pourquoi pas par-devant).

Ça débuta par un dentiste, par ailleurs médiateur volontaire, qui se mit à jeter méthodiquement ses déchets sur le balcon de sa voisine, laquelle ne se privait pas de lancer ses ordures dans l’appartement de son voisin en vis-à-vis, car voir ce dernier torse nu l’énervait.
Puis, ce fut la fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur (la même faisant déjà l’objet de plusieurs plaintes) qui balança ses tampons usés, et ses culottes pleines de merde, dans la boîte aux lettres de sa voisine du dessous (apparemment une sombre vengeance féminine).
Allée E, deux non-plaignants qui l’un comme l’autre avaient été médiateurs volontaires s’affrontèrent : un cadre supérieur de l’industrie d’armement, d’abord, ne put s’empêcher de chier – chaque matin – sur le paillasson de son voisin du dessous, simplement parce que sa gueule ne lui revenait pas. Lequel voisin du dessous, apprenant fortuitement la provenance du caca, fit de même sur le palier de son chieur.
Allée C, le copropriétaire traumatisé par le silence de l’allée vit sa boîte aux lettres remplie de boules quies cinq jours durant, craqua et fit du bruit quatre nuits de suite. Les six matins suivants, le reste des copropriétaires de son allée déverseront leurs poubelles juste devant sa porte, l’amateur de sonorités nocturnes déménageant bien vite.
Juste après, et durant six ou sept nuits, il y eut des maniaques pour déranger leurs co-résidents par téléphone entre deux et trois heures du matin. Ils proféraient des menaces de mort, tenaient des propos graveleux. Il fut fréquent, au cours de cette mini guérilla téléphonique, que la même personne ayant appelé à 2 h 05 reçût à son tour un coup de fil autour de 2 h 25. Elle pouvait avoir dit des obscénités à 2 h 05 et se retrouver menacée de mort vingt minutes après, ou d’abord menacer de mort puis insulter copieusement. Ou bien encore, elle pouvait recevoir les mêmes insultes (à quelques variantes près) qu’elle avait adressées à une autre personne. Il faut signaler que tout se passait dans le plus grand des hasards et que c’était rarement l’insulteur qui se faisait rappeler par l’insulté.
Chaque soir, le concierge constatait qu’il y avait de moins en moins d’ordures dans les poubelles mais énormément sur le sol de la cour, vu qu’elles étaient maintenant lancées d’un balcon à l’autre. De leur côté, les boîtes aux lettres regorgeant de tampons usés et autres saloperies voyaient leur nombre augmenter tous les jours.
Allée B, chaque matin, à 7 h 00, quelqu’un urina dans l’ascenseur. Au bout de quinze jours, on apprit que c’était un cadre effacé et gentil, de surcroît membre du conseil syndical mais qui voulait enquiquiner le monde. Démasqué, celui-ci reçut une dizaine de plaintes, dix kilos de merde sur son paillasson, des ordures sur son balcon, des capotes anglaises usées dans sa boîte aux lettres. Il déménagera encore plus vite que l’amateur de sonorités nocturnes
Allée G, deuxième étage droite, le copropriétaire poussa des cris de dindon en plein milieu de la nuit pendant une semaine d’affilée, ce qui réveilla systématiquement son voisin de palier, qui se mit, lui aussi, à imiter le cri du dindon à n’importe quelle heure de la nuit. Les deux voisins finiront par faire les dindons simultanément, tout en s’étripant dans la rue. Séparés calmés et prêts à discuter, ils s’accorderont pour partir le même jour et n’omettront pas, avant leur départ, de chier sur le paillasson l’un de l’autre.
La fonctionnaire ministérielle lacèrera la gueule de son plaignant à coups de talons aiguilles. Puis c’est sa voisine (celle dont elle avait pourri la boîte aux lettres) qui la badigeonnera de merde. Juste après le déménagement des deux dindons, les silencieux de l’allée C et les bruyants de l’allée B se lanceront des pierres d’un bout à l’autre de la cour (pour l’anecdote, les silencieux avaient tous des boules quies dans les oreilles, les bruyants préférant écouter leur ipod). La cantatrice en herbe, après avoir pris ses cours de chants de quatre à six heures du matin pendant une semaine, se fera couper les cordes vocales par son voisin plaignant. Le même jour, les sixième et quatrième étages de l’allée A, ainsi que les deuxième et cinquième de l’allée B s’enverront des pots de fleurs d’un balcon à l’autre. Comme beaucoup de monde (lanceurs de pierres ou de pots de fleurs…) avant et après eux, le sosie d’un premier amour et son plaignant se battront en duel, et se retrouveront aux urgences.
Allée D, les locataires du troisième se battront à coups de balai contre ceux du sixième. Le dentiste balancera de la merde sur tous les balcons qu’il pourra atteindre. Le voisin torse nu se dépoila entièrement et lança une dizaine de chaises sur la voisine d’en face. Allée F, les habitants du cinquième s’affronteront (à coups de râteau) à ceux du deuxième.
Un nombre croissant d’habitants chieront systématiquement sur le paillasson du voisin que – pour une bonne ou une mauvaise raison – ils détestaient le plus. En une semaine, on dénombra aussi deux tentatives d’étranglement par jour. Les trois-quarts du temps, il s’agissait du propriétaire d’un paillasson merdeux ayant trouvé le chieur qui lui pourrissait la vie. Pour le reste, c’était le chieur qui malmenait sa victime.
Les cris de poules d’une allée succéderont aux bruits de dindons d’une autre, pendant trois week-ends de suite. Le quatrième, les allées se répartissaient pour moitié entre poules et dindons.
Le nombre de copropriétaires passant par les urgences depuis le début des affrontements augmentera graduellement. Les interventions de lardus passeront de trois par semaine, après la bataille des pierres, à trois par jour après celle des coups de râteaux.
Les médiateurs soit avaient jeté l’éponge, soit étaient ceux qui pétaient le plus les plombs. Depuis le week-end des cris de poules (et de dindons), les déménagements se faisaient au rythme d’un par jour : plus personne ne voulut investir dans cette résidence, aucun appartement abandonné ne sera réoccupé. Rapidement, il ne resta qu’une vingtaine d’habitants, et tous voulaient partir. Les déménagements se déroulaient dans une ambiance houleuse : coups, insultes, meubles cassés, déménageurs arrêtant le travail, baston générale. À la requête du conseil syndical et de l’agence immobilière, il sera demandé aux derniers copropriétaires de partir dans le calme. Malgré ça, ce seront les forces de l’ordre qui planifieront les derniers départs avec un important dispositif pour éviter tout débordement.

Le dernier habitant de la résidence sera le concierge, la seule plainte lancée contre lui ayant disparu sous le Blitzkrieg juridique. S’ennuyant vite, il finira par mettre la clé sous la porte, passés quinze jours de solitude. Après son départ, l’affichette d’incitation à la plainte était encore placardée à chaque étage de chaque allée.
À ce jour, son mystère reste irrésolu.
Jamais ni le tribunal d’Instance ni aucun autre pouvoir public ne parleront d’elle. Sont-ce vraiment les institutions qui l’avaient apposée ?
Ou peut-être d’autres, qui voulaient se moquer d’elles ? 
RIRA BIEN QUI CONNAITRA LA VÉRITÉ !

mardi 6 novembre 2012

Bientôt, Chucho !


« On ne peut aimer le Mexique sans aimer – ne fût-ce qu’un petit peu – les histoires à l’eau de rose, les romances d’amours impossibles, les spectaculaires déchaînements de chagrin dont l’expression publique, en ce pays nullement méprisée et même honorable, y compris chez ses habitants les plus mâles, témoigne précisément d’une assurance égale dans la virilité et la sensibilité. Que des figures de rebelles viennent à intervenir au beau milieu de telles romances, et alors l’eau de rose, si l’on peut dire, vire au rouge. L’histoire de Chucho el Roto – et de son triomphe populaire au Mexique – est bien typique d’un tel chromatisme.» 

Extrait de l'Avant-Propos à Chucho el Roto, dandy d'honneur.
Publication prévue aux Éditions Sao Maï : fin Novembre 2012. 

vendredi 4 mai 2012

Laurent Diox chez Chéri-Bibi !






Le dernier CHÉRI-BIBI (numéro 007) était formellement disponible depuis quelque temps. En pratique, voilà seulement quelques jours qu'il a fini par nous tomber entre les mains. Les libraires que nous persécutions depuis des mois doivent à présent mieux dormir. Mais le ravitaillement connut, c'est vrai, un mystérieux coup de mou. La faute à la vie, sans doute, qui est ce qu'elle est (et à la fête des 20 ans du journal, peut-être aussi, ayant certainement constitué un gigantesque moment de modification sensorielle, un de ceux dont on ne se remet qu'extrêmement lentement, en reconstituant péniblement ses forces, pour enfin refaire surface un jour, comme insectifié, à la faveur de quelque aurore grisâtre et déprimante). Patiemment, en tous cas, nous avons ainsi attendu, longtemps, avant d'être autorisés à nous repaître du contenu - fort généreux comme à l'accoutumée - de la fameuse feuille populaire-encyclopédiste émise par la bande à Daniel Paris-Clavel, l'étoile (rouge) d'Ivry-sur-Seine.
La tonalité de ce 007 est, sache-le, lectrice, lecteur, très nettement érotique, voire érotomane. Dans le désordre (c'est mieux) : un retour sur le film pornographique, mythique et féministe Le sexe qui parle, de Frédéric Lansac et Francis Leroi, une étude fort poussée (c'est le cas de le dire) de la chanson paillarde jamaïcaine, où l'on découvrira, entre autres choses, que le mahométisme de Prince Buster ne constitua nullement un frein (si l'on nous passe, à nouveau, le mot) à la coquinerie de certaines de ses compositions, puis un dossier passionnant consacré au Rape and Revenge (littéralement : "Viol et Vengeance"), genre cinématographique marginal, et souvent difficile - l'auteur du dossier confessant (qu'on nous pardonne) même certaines baisses de moral ponctuelles possibles à la vision d'oeuvres parfois éprouvantes quoique fécondes - un genre, donc, explorant le thème de la vengeance énergique (meurtres, sévices) exercée par des femmes violées à l'encontre de leurs bourreaux...
Mais les deux grands intérêts, de notre point de vue, du 007, résident cependant d'abord dans la riche et empathique présentation de Musidora, inoubliable interprète d'Irma Vep et égérie des surréalistes, dans l'interview - ensuite - de l'écrivain Stewart Home, à laquelle succède immédiatement, bande de veinards qui ferez bientôt l'acquisition de ce nouveau numéro ! une nouvelle fraîchement traduite du même Stewart Home, bonhomme dont les préoccupations générales rencontrent tout sauf fortuitement la Weltanschauung propre à l'Internationale Skinhead Situationniste, dont CHÉRI-BIBI constitue bien entendu un pilier, la courroie de transmission, le phare, un bastion ou tout autre image valable que votre capacité prédicative et métaphorique saura bien susciter, à la longue. Ajoutons à cela les diverses chroniques (en un seul mot) de rigueur, les notes de lecture et d'écoute, les bédés fort contentantes (les aventures de Verminax, par exemple, ou encore celles de l'As du hold-up, l'aperception de la coupe de cheveux de l'employé de banque récurrent de cette dernière série justifiant même pour nous, à elle seule, l'achat ou le vol du magazine). Tout cela pour un tarif, à notre avis obscène, de 5 euros. Rappelons, par exemple, que le Parisien, pour un prix nettement inférieur, offre un nombre comparable d'occasions potentielles de jouissance intellectuelle, morale, et même autre (à condition de le rouler soigneusement).

Last but not least, notre Laurent Diox saomaïesque parvient même ici à se frayer un passage, accompagné de sa tumultueuse héroïne Henriette, ainsi que de toute l'équipe du Bouif, du Détachement Féminin Rouge et des Magatsu Boys. Nous reproduisons ci-dessous l'intégralité de la critique chéribibienne :

" Éditeur courageux voire téméraire, Sao Maï aime à défricher la littérature singulière. Après avoir notoirement exhumé Villiers de l'Isle-Adam (Tableau de Paris sous la Commune et Le bourgeois mis en pièces), c'est encore une fois dans les marges périphériques que la petite maison d'édition hantée nous convie. Laurent Diox, punk-rocker totonome, banlieusard et - on le sait à présent - écrivain, ne peut être inconnu du zonard des frontières crépusculaires. Amateur des bars rocks parsemant l'au-delà des boulevards extérieurs, tu as déjà croisé sa silhouette syncopée aux rythmes électrifiés, obligé. Toujours dans les parages mais paraissant ailleurs à trimballer son univers intérieur, Diox a porté le présent bouquin durant des années avant, enfin, d'accoucher de ces 500 pages pleines de rage et d'amour rentrés. Les 150 premières se dévorent avidement en suivant les déambulations d'un punk squatter confronté à une guerre des classes " psychico-techno-magique " dans un Montreuil plein de clins d'oeil où apparaissent des personnages qu'un fil ténu sépare de la réalité (on y reconnait - entre autres - quelques évadées des Witches Valley et de La Fraction ainsi qu'une rude girl dont nous tairons le nom). Entre rêves fantasmatico-politiques et portrait tragi-comique du délire sécuritaire actuel, le récit passe très vite en mode halluciné mêlant spiritisme Communard et super-pouvoirs japonisants... Et force est d'avouer que, malgré de belles inventions stylistiques, j'ai fini par me saturer les neurones à essayer de débrouiller une histoire qui s'éloigne bien vite des sentiers de la chronique urbaine - façon Jacques Yonnet - pour dérouler des péripéties labyrinthiques n'ayant rien à envier à une version manga de Ghostbusters II sous champi. Sûr qu'avec un tiers de pages en moins le propos aurait été plus clair, mais qui n'a jamais rêvé de se transformer en boule de feu pour franchir une ligne de CRS me jettera ce pavé conseillé. "


CHÉRI-BIBI est disponible en principe dans ces librairies-là.
On peut aussi le commander auprès d'eux, via leur site. 


  

mardi 21 février 2012

AMER numéro 5 est sorti !


Beaucoup de bonnes et belles choses dans cette nouvelle et hélas ! dernière, s'il faut absolument les croire (nous ne les croyons pas), livraison d'Amer, revue finissante. Des photographies, du punk, Léon Bloy, Guy Debord et Victor Noir (dont on rappelle ici que l'assassinat par un Bonaparte fournit à notre cher Villiers de l'Isle-Adam, son ami intime, l'idée d'une magnifique supercherie émeutière à base de détournement de cadavre, qui n'eut malheureusement pas de suite). Bref, voilà encore une sacrée dose de savoir encyclopédique, et comme dirait Chéri-Bibi : " Du sexe, du sang, de la dialectique ! " 

Bien sûr, comme toutes les fois précédentes, un thème formel motive tout cela : en l'occurence, ici, la photographie. Mais tout étant dans tout et réciproquement, c'est d'autres plaisirs, moins soupçonnables que celui des yeux seuls, qu'il vous sera certainement offert de prendre à la lecture de cette délicieuse revue. A condition, évidemment, de se fendre de la somme royale de 6 euros.

Pour toute commande et information, allez voir sur le site des âmes d'Atala : ICI !

Quant à nous, nous les embrassons !