mardi 19 mars 2019

Gérard Godfroy montre les crocs ! (et fait la revue)


Notre nouvel ouvrage est désormais disponible. Indéfinissable. Histoire sociale, pamphlet, recueil d'anecdotes et de mystères dévoilés ? Sans doute tout cela à la fois ! Le livre de Godfroy évite en tous les cas les écueils propres à ce genre de thème (la Première Internationale et son temps) promptement trusté, en général, par tout ce que la galaxie compte d'insupportables doctes à tentation idéologique : libertaire ou marxologique. Rien, en effet, d'autoritairement savant ici, mais une plongée amusante, plutôt, au coeur d'une époque ressemblant furieusement à la nôtre, avec ses gueux plus ou moins patients, ses riches uniment puants, ses terroristes inquiétants, ses traîtres prévisibles, et ses femmes et hommes à tête dure donnant encore invinciblement des raisons d'espérer, malgré le néant bourgeois transcendantal s'exhibant sans alternative, comme disait la très non-regrettée Margaret Thatcher. De Thiers à Thatcher et Macron, ses indignes successeurs ; des Communards et des mineurs anglais de 1984 aux Gilets Jaunes d'aujourd'hui tentés de cramer le terrain de jeux de la start-up nation à intervalles de plus en plus resserrés, le lien se fait évidemment. Le livre de Gérard Godfroy présente ainsi une solide pertinence, prometteuse de beaux moments de rigolade et d'autant de belles révoltes documentées.

Disponible ou commandable dans toutes les bonnes librairies depuis Février dernier !

Présentation du livre par l'auteur ce vendredi 22 mars 2019, 19h30, au café-librairie Michèle Firk, 9, rue François Debergue, à Montreuil (Métro Croix-de-Chavaux). Venez nombreux !


lundi 20 juillet 2015

Bientôt, Darrow...


« Si mon point de vue sur les prisons, les crimes et les prisonniers était celui de Monsieur-tout-le-monde, je ne serais pas là aujourd'hui devant vous, à vouloir m'étendre sur le sujet. La raison pour laquelle je m'adresse à vous sur cette question du crime, de ses causes et des remèdes éventuels à y apporter, c'est que je ne crois absolument pas, pour ma part, à la notion même de crime. Le crime - au sens où il est généralement compris - n'existe pas. »


(Clarence Darrow, Crime et criminels, une adresse aux détenus de la prison de Chicago, 1902). 

Publication prévue aux éditions Sao Maï : automne 2015.

jeudi 11 septembre 2014

Lilith Jaywalker dans Amer n°6 !


Rentrée chargée pour Lilith Jaywalker ! 
Jugez plutôt : d'ici la fin de l'année, d'abord, sortira chez Sao Maï son second recueil de nouvelles, intitulé Recto-verso (voir ci-dessus), consacré à l'approche littéraire et sensuel par une femme du plaisir masculin, hétérosexuel et homosexuel.

En ce qui concerne, ensuite, son précédent opus : Emeutia Erotika, il n'en finit décidément pas de faire causer de lui. 
Après l'excellente chronique que lui accorda le très pertinent blog politico-littéraire Zones subversives, et le compte-rendu élogieux (bien que rapide) qu'en fournit l'inénarrable Noël Godin, voilà que c'est au tour de la passionnante revue finissante du Septentrion français (Lille, quoi !) Amer, éditée par les  Âmes d'Atala (la revue renaît de ses cendres, d'ailleurs ! - ce numéro est le sixième - au grand bonheur de ses nombreux admirateurs) de s'intéresser aux bouillonnants délires paraphiles de Lilith. Une interview géante lui donne, en effet,  dans Amer, l'occasion de s'exprimer, en coquine bavarde qu'elle est, sur les sujets les plus divers et pointus. Le tout faisant près d'une centaine de pages ! 
Un bonheur d'entretien qu'on vous recommande, évidemment. 

Enfin, last but not least, une autre (jeune) revue qui mérite le détour : Permafrost, revient sur Emeutia Erotika et publie, en outre, un de ses courts textes consacrés au New York qu'elle a  tant connu, fréquenté et aimé. Immanquable. D'autant que ce dernier numéro de Permafrost (très bientôt disponible) propose aussi, sur le même sujet, un entretien avec l'historien de New York (et de ses marges) Luc Santé, vieille connaissance de Lilith, justement.
Tout se tient !

 Le dernier numéro d'Amer, déjà disponible...


Réimpressions prochaines !

 
 
Victimes de leur succès durable, deux de nos anciens titres sont désormais en rupture de stock, après - à chaque fois - deux ou trois réimpressions à plusieurs milliers d'exemplaires. 

Il s'agit du Tableau de Paris sous la Commune, de Villiers de l'Isle-Adam (première publication : 2008) et de Dynamite ! de Louis Adamic (2010, pour notre traduction française).

Nous faisons notre possible pour que ces deux ouvrages soient à nouveau disponibles dans les plus brefs délais !

dimanche 23 mars 2014

23 mars 1979

(Paris-Match n°1558 - 6 avril 1979)
«  Je ne sais pas qui commença au juste, de nous, des sidérurgistes, de la police ou bien de la police se faisant passer pour nous.
Peu importe ! Dès les premières explosions, chacun comprit que ce 23 mars serait mémorable.
Dans un fracas terrible, la première vitrine tomba. Ce n'était pas encore les bijouteries de la Place Vendôme, mais déjà le point de départ d'un grand pillage.
Les effluves de poudre et d'essence mêlés aux gaz lacrymogènes faisaient flotter dans l'air une odeur âcre. Minute après minute, il devenait plus difficile de distinguer son entourage. Les fumigènes des manifestants rivalisaient avec l'opacité blafarde des émanations d'ammoniaque.
Le soleil n'était plus qu'un vague souvenir.
La lumière appartenait déjà à un autre monde, celui en devenir....»

(Lilith Jaywalker, Emeutia Erotika)

lundi 24 février 2014

Notes inédites sur Chucho el Roto

 Couverture d'une édition populaire mexicaine des aventures de Chucho el Roto (début des années 1960). En médaillon : Arriaga déguisé en curé, et en bourgeois.
Laurent Zaïche présentait voilà peu sur son blogue (Le Moine Bleu) quelques notes préparatoires (demeurées jusqu'ici inédites) à son avant-propos de notre ouvrage Chucho el Roto, Dandy d'honneur. Comme on le verra, la thématique du masque y est déjà bien présente, ainsi que des réflexions ébauchées sur les rapports ordinaires du crime et de la révolte, qui rappelleront évidemment bien des choses aux lecteurs et lectrices de Dynamite ! de Louis Adamic.

Notes sur Chucho el roto

Barbarie actuelle au Mexique. Ce qui domine, l’opacité. La vérité sera connue plus tard, comme d’habitude. Telle est la logique des grands carnages. En attendant, donc : carnage. Dante. Agrippa d’Aubigné.

Liaisons dialectiques Banditisme-Révolution. Objet d’une importante littérature. Question au fond jamais tranchée. Condamnation à la fois pertinente et insuffisante du Lumpen par Marx, Hobsbawm, Adamic (Dynamite !), etc. Le Crime : « violence obligée des pauvres après la victoire du Capital » (Manchette). Crime : produit de la violence capitaliste et réaction de survie, d’adaptation à ce système, y compris à ses codes, que le Crime ne subvertit pas, mais radicalise, prend en quelque sorte au mot. Assurance de la promotion sociale du criminel que la légalité bourgeoise lui refuse dans les faits. Au mensonge formel capitaliste s’opposent ainsi : dissimulation, clandestinité, secret criminels, lesquels auront tôt fait de tomber sous le coup de la critique cléricale ou moralisante, etc. Fausseté contre fausseté. Statut, cependant, de la fourberie et du mensonge dans la société d’après. Comment revenir sur ces habitudes d’avant ? Est-ce souhaitable ? Ruse recyclable ? Voir là-dessus Chucho. Son intelligence d’adaptation. Question de la possibilité seulement de l’entrée en communisme d’anciens menteurs par nécessité, ayant de fait aimé le mensonge comme leur sécurité. L’ayant aimé au plus intime.

C’est en cela que les habitudes de Chucho sont passionnantes. Chucho se travestit pour commettre ses crimes. Son talent du déguisement : poussé nous dit-on au génie. Pas seulement extérieurement : dans l’emprunt des codes symboliques mêmes de cette bourgeoisie qu’il dépouille, et à laquelle de fait il ressemble furieusement.

Cette bourgeoisie portant le masque de l’humanité légale abstraite se heurte ainsi au bandit dont le propre masque, contrairement à celui de la classe ennemie, dirait plutôt la foncière honnêteté. Le masque du bandit : sa vérité d’homme libre. Sa vérité plastique. Expression spectaculaire de son authentique visage. Cette vérité, parfaitement entendue ailleurs, au plan esthétique, dans d’autres conditions (Goya, Ensor). Elle trouve ici son équivalent politique. Le masqué : à la fois le puissant, l’agent de la justice historique, de la vérité profonde. Opposées au visage dégagé, autrement dissimulateur et fourbe, de la Domination.

Le Masque. Le Mexique s’en est fait une coutume : « lutte libre », etc.
Chucho hier, Marcos aujourd’hui. 
Immortalité du premier.
(Laurent Zaïche, 2011-2012)